La Cambuse
S'il y a un point qu'il ne faut pas négliger sur un bateau, c'est bien la cambuse. Manger un plat que vous aimez bien, arrosé de votre boisson favorite et tout cela après une journée de navigation harassante, il faudra bien convenir qu'il n'y aura pas mieux pour remonter le moral de l'équipage.
Mais en fait, c'est quoi l'origine du mot cambuse ?
La cambuse est le local d'un navire, pris entre la cale et le faux-pont où était entreposé, dans la marine traditionnelle, une partie des vivres. C'est notamment là que les cambusiers distribuaient les vivres au quotidien à l'équipage. C'était alors un espace sombre et souvent mal ventilé. Cambuse vient du néerlandais kombuis qui signifie « cuisine de navire, chaufferie », mot lui-même issu du bas-allemand kabūse, kambūse (réduit de bois situé sur le pont supérieur du navire, servant de cuisine et de lieu de repos) attesté à Breslau en 1422. Par métonymie et familièrement, on appelle cambuse la cantine d'un chantier, d'une usine, etc., ou le restaurant bon marché. En argot, la cambuse est un cabaret mal famé ou une chambrette misérable, un taudis. (définition issu de Wikipédia) |
Par extension, nous utilisons le mot cambuse pour désigner globalement ce qui est lié à l'alimentation sur un navire.
Imaginez vous en train de naviguer par un temps pourri où il faut prendre des ris au pied du mat, sous la flotte, par grand vent, imaginez vous en train de barrer sous une pluie battante qui arrive à s'infiltrer par le cou ou dans vos manches malgré toutes les précautions que vous avez pris. Imagez ce que peut penser ce pauvre matelot trempé jusqu'aux os!
Deux pensées peuvent lui venir à l'esprit :
"Ce soir, la bouffe ça va pas être le top ! on a pas trop prévu pour le mauvais temps pensant qu'il allait faire meilleur.... bonjour le moral..."
ou bien
"Vivement ce soir qu'on soit les pieds sous la table car le maitre-coq, le Long John Silver du jour nous donne déjà un aperçu par quelques senteurs de ce que sera le festin de ce soir"
C'est clair que dans le deuxième cas, ce matelot acceptera sa condition plus favorablement et son moral sera moins amputé. L'exemple ci-dessus peut paraitre caricatural mais le fait d'appartenir à un équipage bien organisé jusqu'au bout de la cambuse et de se retrouver autour d'une bonne table pour diner dans le carré effacera les plus mauvais moments de la journée. Et si en plus, comme c'est le cas pour Françoise, le Long John Silver du Malumau, le cuistot n'a pas le mal de mer quelque soient les conditions météorologiques, qu'il vente ou qu'il pleuve ou les deux, cela voudra dire que la cambuse sera toujours assurée (avec toutes les mesures nécessaires de sécurité qui s'imposent, bien sur). Et là, c'est vraiment réconfortant et rassurant. Cela ne veut pas dire que la bouffe est l'élément primordial sur un bateau, mais il faut bien reconnaitre que c'est un élément majeur pour le moral et donc un facteur de sécurité.
Tous les navigateurs au long cours connaissent Michele Meffre pour son ouvrage « Le Guide de la cuisine à bord ». Trouvez ci-dessous un extrait d'un interview:Pourquoi, à votre avis, est-il si important de bien manger en mer ?Michèle Meffre: La vie en mer n’est pas toujours aussi « rose » qu’on se l’imagine dans nos rêves, et même parfois difficile : jours de mauvais temps, nuits blanches, anxiété, efforts physiques, manque de place et de confort, souvent trop chaud ou trop froid, humidité… Un bon repas permet d’oublier l’inconfort du moment, les difficultés des dernières heures et la nuit blanche à la barre. Une collation, un bon repas est souvent la seule récompense que l’on puisse offrir. Ils ont généralement un effet spectaculaire sur un équipage fatigué ou démoralisé. En mer, il faut repenser la façon de se nourrir, organiser les repas différemment, en quantité, suivant ce dont on dispose à bord, le temps disponible, on ne mange pas toujours à heure régulière, on grignote souvent pendant la nuit ou la journée, mais il est important de ne pas oublier que le plaisir du palais fait partie de l’harmonie et de l’ambiance du bord. La vie en mer demande beaucoup d’efforts physiques. Afin de garder toutes ses capacités, il est important de bien se nourrir, d’avoir une nourriture équilibrée et agréable, ce qui n’est pas toujours facile, d’où l’importance de bien s’organiser avant chaque départ. |
Qu'est ce qu'on mange ce soir ?
C'est la question type que tout le monde s'est posé de nombreuses fois chez soi, le soir, en rentrant du travail. Après réflexion, à terre, ce n'est pas un problème majeur. Soit on a un petit stock de dépannage (pates, oeufs, conserves....) soit l'épicerie est encore ouverte sur le trajet du retour au domicile. Sur un bateau, c'est complètement différent. Il y a tellement de facteurs qui peuvent modifier votre programme ou vos envies qu'il est peut être souhaitable d'anticiper sérieusement l'organisation de la cambuse en tenant compte des critères ci-dessous. La liste n'est pas exhaustive mais en voici quelques un:
Concrètement, nous procédons comme suit. En tenant compte des critères ci-dessus, on détermine un menu quotiden pour le midi et le soir. Cela nous permet donc d'identifier nos besoins et d'acheter en conséquence. Et pour cela, un des secrets d'une bonne organisation, c'est la liste. C'est tout bête, on a rien invente de plus simple et c'est le seul moyen de ne rien oublier.
Nous allons voir plus loin un tableau qui est un exemple d'avitaillement pour une quinzaine de jours. Ce tableau donne la part belle aux conserveset aux aliments sous vide. Mais il faut reconnaitre qu'aujourd'hui, elles sont de bonne qualités et permettent à un cuisinier même occasionel de faire de bon petits plats avec un peu d'imagination et de savoir faire pour l'utilisation des aromates et des herbes lyophilisées. Cela permet ausi d'avoir une réserve de nourritue palliant à tout imprévu.
S'il y a des possibilités de réapprovisionnement, prenez le temps d'aller au marché local pour acheter du frais. Les rencontres avec les marchands locaux sont parfois assez pittoresques et c'est la meilleure façon de s'imprégner du tissu local.
Dans les menus ci-dessous, le petit déjeuner n'a pas été traité, celui-ci étant pratiquement toujours le même, il est dans la liste avec les autres produits. Idem pour le dessert.
Dans l'exemple de menus, on remarque des midis style Pique nique. Ceux-ci seront affectés aux journées de navigation ou pour une randonnée à terre. On remarque aussi des menus pour des chaudes journées... chacun adptera les menus quotidiens selon les activités ou la météo du jour.
Enfin, les rangements conditionnent les possibilités de stockage. Sur les bateaux d'aujourd'hui, les fonds ne sont plus formés en V comme les bateaux des générations précédentes. Les fonds du Malumau ne sont pas généreux au point d'y cacher un trésor mars suffisant pour y ranger conserves et boissons diverses. Nous pouvons stocker sous le plancher une quantité non négligeable d'alimentation. Le plancher est équipé de trappe qui y faciltient un accès. Les fonds sont toujours assez frais. et puis la quantité même pour 20 jours représente un poids non négligeable qu'il est souhaitable de centraliser au point le plus bas du bateau.
Exemple de menu pour 14 jours (de navigation), cliquer ici
exemple de Liste d'avitaillement pour une vingtaine de jours, cliquer ici
Quelques recettes de cuisine, cliquer ici
Les ustensiles
Le matériel de base pour la cambuse est le même qu'à la maison. Après tout dépend de plusieurs facteurs:
Pour ce qui nous concerne, le cuistot cuisine beaucoup mais n'est pas trop exigeant en confort et matériel. Heureusement car la taille de notre Mélody ne permet pas un stockage de vaisselle et de popote incommensurable. Nous avons donc le strict nécessaire, le couvert(6 assiettes, 6 verres, les couverts, 3 casseroles de différents diamètres...), un mixer qui fonctionne en 220 V à l'aide du convertisseur, une rape à fromage.
Pour la conservation de produits alimentaires tels que la farine, les pates, le riz... nous utilisons des bouteilles plastiques assez rigides possédant des larges goulots. Sinon, nous utilisons des boites hermétiques de la marque LOCK & LOCK qui sont d'excellentes qualités et parfaitement étanches.
Mais surtout, l'élément indispensable sur un bateau est ... La cocote minute. Elle permet une cuisson plus rapide des aliments et économise ainsi de l'énergie, du gaz en particulier. Elle est polyvalente car on peut y faire des ragouts mais aussi du pain, des yaouts et des flans. Elle permet aussi de faire des conserves maison... bref indispensable.
Truc et astuces:
Pour économiser du gaz, nous nous sommes équipés d'une bouilloire électrique 12V. Quand nous utilisons le moteur, nous en profitons pour chauffer de l'eau avec cette bouilloire. Quand elle est suffisamment chaude, nous la versons dans une bouteille thermo. Nous utilisons ensuite cette eau le soir pour la cusine, la nuit pour pour les boissons chaudes...
Le retour d'expérience est très positif. Nous avons constaté une réelle économie de Gaz. Au prix où il coûte aujourd'hui (novembre 2012), ce n'est pas négligeable.
Remarque: contrainte technique, nous avons remplacé la fiche 12 V Auto qui nous paraissait un peu légère pour l'intensité demandé et l'avons remplacé par une fiche 16A.
Nous nous sommes équipé d'un barbecue Safire Cooker. A chaque fois que l'occasion se présente, nous utilisons ce mode cuisson qui nous fait également économiser du gaz. L'intérèt de ce produit c'est qu'il est multifonction. C'est un combiné Grill, plancha, four portatif qui utilise au choix des briquettes de charbon ou de noix de coco. Dés qu'on veut faire griller des aliments qui risque d'embaumer le carré, nous utilisons ce mode cuisson à l'extérieur.